C’est le pasteur Marc Dandoy d’Ath qui nous rappelle à l’ordre cette fois. Et non sans raison. En effet, contrairement à ce que nous écrivions dans le numéro de mai dernier, le mariage gay religieux existe en Belgique, depuis déjà environ une dizaine d’années.
L’Église protestante unie de Belgique (ÉPUB) fait figure de pionnière en ce domaine puisque, dès 2003, des unions homosexuelles y étaient bénies. C’est l’assemblée synodale de 2007 qui officialisera une pratique entrée sans gros problèmes dans les mœurs de ce courant important du protestantisme «classique». En outre, notre fidèle lecteur se plaît à rappeler que, toujours au sein de l’ÉPUB, il y a des lustres que les ministres du culte peuvent être indifféremment hommes ou femmes. Et en effet, l’orientation sexuelle d’un ou d’une pasteur(e) ne constitue en rien un «obstacle» et l’on peut très bien voir aujourd’hui une pasteure lesbienne bénir un couple homosexuel d’hommes ou même – pourquoi pas? – un couple hétérosexuel… Les communautés de base restent seules juges de leur choix en cette matière.
Rendons donc à l’ÉPUB ce qui appartient à l’ÉPUB. Comme nous le suggère notre éminent lecteur, tout cela flaire bon le libre examen, en effet. Mais au risque de jouer les rabat-joie, signalons quand même qu’il y a beaucoup de chapelles dans la maison protestante et que toutes ne partagent pas l’ouverture des réformés belges (ou français, suisses, etc.). En effet, dans l’autre grande composante du protestantisme constitué par les communautés évangéliques, la tolérance en matière d’orientation sexuelle est beaucoup moins large. Et la tonalité générale y est beaucoup moins permissive, voire, parfois, assez résolument homophobe. Le fond du problème réside en réalité dans la manière dont les «Écritures» sont lues de part et d’autre. Chez les réformés, il est exact qu’on prend volontiers plus de distance critique à l’égard des textes, notamment l’Ancien Testament où les homosexuels sont voués aux pires tourments. Ce n’est pas nécessairement le cas chez les évangéliques où, sur ce point comme sur d’autres, on est généralement beaucoup plus conservateur.