Espace de libertés – Septembre 2016

Rentrée des classes, rentrée de l’espoir


Édito

«Du singulier au pluriel, à l’école du bien commun.» Tel était le sujet proposé à la sagacité des participants de l’Université d’été de l’enseignement catholique, fin août à Louvain-la-Neuve. Si nous y avions été invités, nous aurions pu en dire bien des choses. Dont celle-ci: pour nous aussi, le bien commun et la pluralité sont des préoccupations constantes. Mais nous craignons que l’actuelle réaffirmation forcenée des particularismes religieux et identitaires n’ait pas comme but la pluralité et le bien commun mais, trop souvent, la préservation de chasses gardées, de prébendes et de droits particuliers.

Et c’est justement parce que l’école est le lieu de l’apprentissage de l’amour du bien commun et de l’expérience de la pluralité qu’elle doit rester la plus ouverte possible, la plus accueillante possible, la plus diversifiée possible. Mais comment donner à chaque enfant la chance de pouvoir faire cet apprentissage si, d’emblée, on le cadenasse dans telle ou telle confession, tradition ou culture dont il risque de rester prisonnier à tout jamais?

L’implémentation du fameux cours d’éducation à la philosophie et à la citoyenneté dans les écoles primaires publiques ne va certainement pas être une sinécure pour les enseignants et les chefs d’établissement. En particulier pour ceux qui avaient l’habitude d’établir les classes en fonction des choix religieux et philosophiques des élèves… Nous ne sommes ni naïfs, ni idiots et nous savons bien que ces cours ne vont pas résoudre comme un coup de baguette magique tous les problèmes du monde. Nous savons bien qu’ils ne sont pas parfaits, qu’ils devront être améliorés et que l’improvisation dans laquelle ils ont été conçus provoquera sans doute des désillusions et quelques couacs. Mais ils représentent néanmoins un grand pas en avant vers, précisément, un véritable apprentissage de l’amour du bien commun et une expérience concrète de la pluralité.

Nous savons bien que chez les gens de religion, il en est qui travaillent sincèrement au bien commun de l’humanité. Mais dans un monde où les «assignations à résidence» identitaires reviennent en force jusqu’au délire, il n’est pas anodin de voir l’école publique d’un pays comme le nôtre aller – trop souvent à reculons, hélas – vers plus d’ouverture, plus de connaissances et plus d’espoir. C’est notre vœu, c’est notre conviction. Bonne rentrée scolaire à tous!