C’est une spécificité belge: chaque année, on décerne le « soulier d’ébène » au meilleur joueur « d’origine africaine » évoluant dans le championnat de Belgique de football. On appréciera l’appellation, subtile évocation du « bois d’ébène » comme on appelait, au bon vieux temps des colonies, la marchandise humaine exportée d’Afrique. Le pourquoi de ce curieux trophée aux relents paternalistes peut faire l’objet de bien des conjectures. Ces joueurs sont-ils si mauvais qu’ils ne puissent être couronnés des mêmes prix que les autres? Ou sont-ils au contraire trop bons que pour concourir avec leurs collègues d’autres origines? Et qu’attendent les joueurs coréens et japonais pour réclamer illico un « soulier de citron »? Et les Européens, un « soulier d’ivoire »? Si l’enfer est pavé de bonnes intentions et le ridicule ne tue pas, le racisme, lui, fait encore des ravages quotidiens. (yk)
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