Espace de libertés | Juin 2014 (n° 430)

La guerre des patriarches


Espace de brièvetes

Sur fond de guerre civile, les patriarches orthodoxes de Kiev et de Moscou se sont livrés en avril à une guerre des mots qui en dit long sur la grande dérive des esprits. Quelques heures avant la Pâque, le patriarche de Kiev Filaret avait assuré que l’ « ennemi » russe était condamné à l’échec et que Dieu aiderait « à ressusciter l’Ukraine » –désormais amputée de la péninsule de Crimée pour la plus grande joie de Moscou et secouée d’Est en Ouest par une vague séparatiste pro-russe. « Le pays qui nous avait garanti l’intégrité territoriale a commis une agression. Dieu ne peut pas être du côté du mal, c’est pour cela que l’ennemi du peuple ukrainien est condamné à l’échec », déclarait le patriarche Filaret. Réplique cinglante du patriarche russe Kirill: personne ne pourra « détruire la Sainte Russie » en lui enlevant l’Ukraine (dont la capitale Kiev est le berceau de l’orthodoxie russe). « Nous devons aujourd’hui prier pour le peuple russe qui vit en Ukraine, pour que le Seigneur fasse la paix sur la terre ukrainienne […], qu’il mette fin aux desseins de ceux qui veulent détruire la Sainte Russie. » Dieu a bon dos. (map)