Espace de libertés | Juin 2014 (n° 430)

Seniors admis ou péril en vue?


Dossier

Vieillir, c’est tout simplement vivre: comme tout être vivant, l’être humain est programmé biologiquement pour vivre un certain temps –propre à l’espèce et à l’individu– selon un processus lent et régulier imperceptible au jour le jour mais néanmoins incontestable. Socialement, ce même processus s’inscrit dans de grandes étapes bien limitées dans le temps, dans l’année même: l’entrée à la maternelle, la scolarité obligatoire, la période dite active, productive et enfin la retraite. Bien sûr, les lignes bougent tant pour les individus que pour le groupe et aujourd’hui, la dernière période peut durer 40 ans et connaître différentes phases caractérisées par le niveau de dépendance accrue de la personne vieillissante.

Le savoir-vieillir

Progressivement, l’allongement de la vie, signe évident de l’état d’avancement d’une société devient aussi son plus grand péril! Aujourd’hui, le discours se fait carrément alarmiste: les vieux coûtent trop cher et mettent notre système de sécurité sociale en péril. Il faut d’urgence reculer le processus, socialement par le recul de l’âge de la retraite et biologiquement par une stricte hygiène de vie, une sorte de compétition à qui masquera son âge le plus longtemps possible. Le savoir-vieillir est en passe de devenir la moindre des politesses, la dernière forme du savoir-vivre.

Et la place de la personne dans tout cela? Bien que dotée de parole et de raison (sauf accident), elle est rarement associée aux débats qui la concernent, elle en est l’objet et son avis, hier incontournable, semble désormais superflu: on s’occupe d’elle avec plus ou moins de bienveillance.

Ce « déclassement » s’opère progressivement dans toute la sphère sociale et familiale, ce qui amène insidieusement l’idée que la personne est moins capable et compétente pour faire les choix qui la concernent. Sa liberté et la maîtrise de sa vie risquent alors de devenir un combat quotidien contre les structures et même les proches qui comprennent mal son désir de vivre comme elle l’entend même si cela la met en danger.

Tous les âges de la vie méritent le respect des droits à l’autonomie et à faire des choix, les laïques se doivent d’y rester attentifs!