Un mélange savamment dosé de rigueur, d’émotions et de créativité, le tout dans le respect des valeurs laïques de l’enseignement officiel: le concours « Sciences en scène » a repris le chemin des planches pour sa 11e édition.
Les coulisses sont encore inanimées, les feux de la rampe éteints et les costumes au vestiaire mais dans quelques mois… le rideau se lèvera à nouveau. Et les sciences apparaîtront sous un autre jour: ludiques, drôles et limpides. Car si les élèves sont « allergiques » à une matière, difficile de changer de prof ou de programme… Par contre, on peut tenter de changer l’approche. « Apprendre peut sembler une tâche difficile », admet Pasquale Nardone, professeur de physique à l’ULB féru de vulgarisation scientifique et président du jury. « En Belgique, l’enseignement des sciences se pratique parfois avec dureté. Avec “Sciences en Scène”, les enfants apprennent sans en avoir l’air. Compte aussi le caractère interdisciplinaire: il faut s’exprimer, mettre en scène, créer un décor, des costumes, inventer une histoire, créer pour communiquer. En retour, je peux vous assurer que les élèves retiennent longtemps le contenu du discours. Et donc les matières scientifiques qui encadrent le tout. La théâtralisation est un puissant outil de communication. Elle éveille chez le spectateur tant le regard que l’écoute. L’écoute du contenu, mais aussi la force que prend le texte quand il est raconté sous la forme d’un petit spectacle. »
Plus de 10 ans de réflexion et d’action
C’est donc une approche théâtralisée des sciences que propose le bien nommé concours « Sciences en scène », et ce, à tous les élèves de maternelle et de primaire des écoles officielles de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour sa 11e édition. Depuis plus de dix ans, l’activité interécole officielle offre un bel espace pour appréhender les contenus éducatifs de façon ludique et créative. Le théâtre, le mime, la danse… toutes les formes d’arts du spectacle vivant sont les bienvenues pour rendre clairs les concepts scientifiques. Grâce aux accessoires et aux déguisements que les enfants et ados imaginent eux-mêmes, les phénomènes scientifiques se parent de poésie et d’humour. Par la création d’un spectacle d’une dizaine de minutes, les élèves découvrent les phénomènes scienti ques à travers des histoires pleines de rebondissements et comprennent avec plaisir les mécanismes et les formules les plus complexes.
Le concours est né dans le prolongement des « Journées de l’enseignement officiel » organisées depuis 1999 et dédiées à la promotion de ce type d’enseignement. Mais suite au manque d’unité et de cohérence des actions organisées dans ce cadre, il a été décidé de choisir une matière comme thème principal et d’organiser un concours ludique pour réactiver l’intérêt des jeunes pour la science et les études scientifiques. « Sciences en scène » a d’abord été ouvert à tous les niveaux de l’enseignement officiel. Depuis 2005, afin d’harmoniser la qualité des spectacles et les critères d’évaluation, les années impaires sont réservées à l’enseignement fondamental tandis que les années paires sont consacrées à l’enseignement secondaire.
L’éthique des grandes inventions
Spécificité de cette 11e édition à venir: afin de se qualifier pour la nale qui sera organisée le 28 mars prochain au Théâtre de Liège et de tenter de remporter le prix « Coup de cœur du jury », les participants devront présenter un spectacle qui s’articule autour du thème suivant: « Les grandes inventions scientifiques et leur impact sur l’humanité ». Le scénario devra donc mettre en perspective le contexte dans lequel une invention a été réalisée et les transformations qu’elle a engendrées au sein de la société. Le but étant d’amener les élèves à une ré exion éthique par rapport à l’arrivée de nouvelles techniques et technologies.
« Sciences en scène » propose un véritable accompagnement aux professeurs et aux élèves tout au long du processus. Chacune des écoles participantes bénéficie d’une répétition avec un-e comédien-ne professionnel-le au sein de l’établissement scolaire, d’une répétition au Théâtre de Liège avec le même encadrement le matin de la finale, d’une aide financière pour la réalisation des décors et des costumes et d’un soutien à l’encadrement des élèves le jour S (comme « Science », pardi!). L’ensemble des déplacements en car est entièrement pris en charge par les organisateurs. Le concours se veut ainsi accessible au plus grand nombre.
100% gagnant
La finale sera l’aboutissement d’un long travail, déployé tout au long de l’année. Avec leurs professeurs, les élèves auront étudié un thème scientifique choisi ensemble. Ils auront effectué des recherches, réalisé des expériences et synthétisé les informations collectées. Après cette première étape, déjà riche d’enseignements, ils seront passés à la phase créative. Il aura fallu inventer le scénario, rédiger les textes, imaginer les décors et trouver les musiques. Quelle énergie nécessaire… mais quel résultat! Lors des représentations, les spectateurs verront défiler des productions où rigueur scientifique, valeur artistique, qualité pédagogique et émotion seront au rendez-vous.
Ce sont d’ailleurs ces critères qui sont pris en compte par le jury lors de l’attribution des différentes récompenses: prix de la rigueur scientifique, de la poésie et des costumes, de l’engagement citoyen, de la mise en scène et de l’interprétation, de l’esprit de groupe, de la forme originale et de la présentation et enfin prix de la découverte par le jeu… À « Science en scène », 100% des gagnants auront tenté leur chance. Celles et ceux qui recevront le « Coup de cœur du jury » auront quant à eux l’opportunité de présenter leur spectacle à l’EXPO-sciences en avril à Tour & Taxis.