Espace de libertés – Avril 2017

Dossier

Grand-Duché de Luxembourg

Vendredi 17 juin 2016, le conseil de gouvernement du Luxembourg donnait son accord au projet de règlement concernant les lignes directrices du cours commun « vie et société ». Le projet en définit les lignes directrices et sonne ainsi le glas de l’enseignement religieux. Le futur cours s’adressera à l’enseignement secondaire et secondaire technique. L’enseignement sera prodigué en français et en allemand. Le recours au luxembourgeois facilitera l’approfondissement des réflexions. Attraction de la rentrée, il s’appuie sur un programme pilote, pour guider la réflexion.

C’est plus qu’un nouveau cours au menu de la rentrée. C’est une forme de petite révolution culturelle, voire philosophique. Et donc aussi politique, dans les choix et orientations à prendre.

Dans le programme gouvernemental, pour la législature 2013-2018, figurait l’introduction d’un cours commun « d’éducation aux valeurs ». L’affaire a même été consignée dans une convention entre l’État et l’Église catholique, signée le 26 janvier 2015. Car ce nouveau cours, sobrement intitulé « Vie et société », remplace l’instruction religieuse et la formation morale et sociale qui étaient jusque-là de rigueur. Dès cette rentrée-ci, l’école voit le nouveau cours au programme du secondaire, un cours commun, pour tous les lycéens. Il est prévu qu’il intègre aussi l’enseignement fondamental dès la prochaine rentrée, 2017-2018.

Les débats et controverses ont eu lieu. L’heure est aux débuts concrets. L’été a d’ailleurs été studieux. Le projet de loi concernant l’enseignement secondaire et secondaire technique a été voté à la Chambre des députés le 7 juillet dernier.

Dans la foulée, plus de 200 enseignants (pour la plupart ceux qui dispensaient les cours de religion ou de formation morale et sociale) entamaient illico une formation de seize heures pour découvrir cette nouvelle discipline, les ressources mises à dispositions…

Inciter au « savoir-être »

Plusieurs dizaines de fiches sont disponibles, supports didactiques reprenant les sujets, les compétences visées, un schéma de cours, des sources pour l’alimenter. Et, pour combler le vide d’incompréhension qui pouvait se manifester auprès des élèves et, surtout, de leurs parents, un memento pratique a été mis à disposition –en ligne notamment. On y explique succinctement ce nouveau cours, qui entend « former des citoyens éclairés, ouverts, tolérants, critiques et responsables ». Un vaste programme? Sans doute.

Cependant, pour l’autorité de tutelle, il ne s’agit surtout pas d’un cours clé en main mais bien d’une trame pour guider la réflexion. On est dans un projet-pilote, qui s’articule sur un programme directeur avec des champs d’apprentissage et des concepts didactiques, un cadre jalonné de pistes, de suggestions et d’évolutions.

Clairement, l’idée est de coller aux réalités luxembourgeoises modernes et de sortir des sentiers battus. Le dogme n’est pas de mise, la participation est encouragée et, in fine, « Vie et société » est un cours qui pourra s’enrichir de commentaires, de propositions de contenus, avec les enseignants bien sûr et, à terme, avec les élèves.

Le but est bien de créer le débat, de donner à l’élève les clés pour qu’il élabore sa propre opinion. Le cours commun ambitionne ainsi d’aider les jeunes à construire leurs propres points de repères dans le respect de ceux des autres, avec le sens de la critique, de la tolérance… Une forme d’effet miroir pour favoriser l’intégration citoyenne. Plus que donner du « savoir-faire » et livrer des réponses calibrées, le cours souhaite ainsi inciter au « savoir-être » et (faire) poser des questions. Sur soi, sur son rôle, sur le monde, sur la société. Et sur ce qu’apporteront les adultes de demain.

Comme pour toutes les réformes et expériences, il faudra évidemment procéder à l’analyser avec le recul et l’objectivité nécessaires. Nul doute que ce débat-là aura lieu sur la réforme. Mais, à ce stade et sous cette forme, c’est déjà un jalon ambitieux dans l’histoire de l’éducation nationale.

 


Cet article a été publié dans l’hebdomadaire Le Jeudi
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