Espace de libertés – Avril 2017

Qui êtes-vous pour nous apprendre nos religions?


Droit de suite

C’est sous ce titre intrigant que se cachent les actes d’un colloque organisé par la Faculté universitaire de théologie protestante de Bruxelles en février 2016. But: réfléchir aux conséquences de la mise sur pied du cours de philosophie et de citoyenneté. Les organisateurs avaient réuni une belle brochette de spécialistes et les débats ont dû être passionnants. Dans cet ouvrage, nécessairement moins vivant, on trouvera les textes des communications. Certaines laisseront le lecteur non-spécialiste un peu perplexe mais d’autres méritent que l’on s’y attarde. Comme celle de Walter Lesch, professeur d’Éthique à l’UCL. Pour lui, l’une des questions des plus cruciales est celle-ci: l’enseignant de religion est-il un fonctionnaire de l’État ou de sa communauté religieuse? Actuellement, la réponse est: « Les deux, mon général. » Mais est-ce satisfaisant et tenable à long terme dans une société qui, nous dit encore Walter Lesch, n’en finit pas de muter sous les effets de la mondialisation et de la pluralisation de la scène religieuse? L’éthicien catholique avoue sans fard qu’il ne serait pas personnellement attristé de voir disparaître un cours de religion mal réfléchi et donné par des enseignants peu compétents. Et de se déclarer de moins en moins convaincu de l’intérêt d’un enseignement religieux dans le cadre scolaire. Mais Lesch précise aussi qu’il se méfie des philosophes qui croient avoir le monopole de l’esprit critique. Mais si les profs de philosophie se perdent dans leur jargon inaccessible et leur posture gonflée, les enfants sauront se moquer d’eux et de leurs discours.