Espace de libertés – Septembre 2017

Qu’est-ce que la guerre?


Droit de suite

Comment expliquer l’engouement que l’être humain semble porter à l’acte guerrier malgré la débauche d’inhumanité qu’il entraîne dans tous les cas? Comment interpréter le fait qu’il y ait toujours consacré une énergie et des moyens colossaux? Comment comprendre les multiples équivoques qui, dans l’art, la politique, la science, la religion et la morale, surgissent à son endroit? C’est pour tenter de répondre à ces interrogations que notre compatriote, Éric Clémens, a jeté un coup d’œil sur ce qu’en disent des philosophes aussi éminents qu’Héraclite, Hegel, Kant, de Maistre, Nietzsche, Bataille, Caillois et Freud.

D’emblée, notre auteur qualifie la guerre d’aporie et avoue son embarras personnel face à son sujet. Est-ce à dire que la guerre serait irreprésentable? Non bien sûr. Et Éric Clémens d’exposer différentes hypothèses qui balisent ce phénomène fascinant. Fascinant et repoussant, comme l’avouent les petits garçons qui, souligne-t-il, peuvent dans un même souffle proclamer leur amour de la paix et s’avouer subjugués par le spectacle guerrier et ses oripeaux. C’est que le sujet est vaste. Peut-être même trop pour pouvoir déployer toutes ses contradictions dans le cadre d’un livre aux dimensions aussi modestes.

Certaines affirmations auraient en effet demandé à être consolidées et confrontées à la réalité historique plutôt qu’aux seules affirmations de quelques penseurs européens. Par exemple, peut-on vraiment soutenir que « la guerre a été accaparée par l’Occident […] »? C’est faire bon marché de l’histoire des sociétés orientales et, puisqu’il s’agissait ici de rester au niveau des théories, peut-être eût-il été judicieux d’aller voir du côté des penseurs comme le Chinois Sun Tzu ou son alter ego indien Kautilîya. Sans même parler de ceux qui dans le monde musulman ont abondamment théorisé ce qu’on appelle pudiquement « l’art de la guerre », un « art » intemporel, universel, transculturel, interconvictionnel, transgénérationnel… et, hélas, inépuisable.