C’est derrière ce titre simple et intrigant que s’abrite le dernier roman en date de Gérard Adam, directeur fondateur des éditions MEO, mais surtout écrivain lui-même. On se souvient non sans émotion de L’Arbre blanc dans la forêt noire, La Lumière de l’archange (finaliste du Prix Rossel) ou encore De l’existence de Dieu dans le tram 56. Cette histoire-ci se déroule dans la région liégeoise et égrène des tranches de vie dont l’apparente banalité et le réalisme tranquille finissent par recréer une petite musique familière. Car les corons miniers où vit Yvan, le narrateur, fils d’immigrés slovènes naturalisés après la catastrophe de Marcinelle, ressemblent comme deux gouttes d’eau à ceux où ont vécu des dizaines de milliers d’autres travailleurs venus du sud et de l’est de l’Europe ou de plus loin encore. C’est le peuple ouvrier de Wallonie qui lutte pour sa survie dans des conditions difficiles mais qui est (était ?) reconnaissant à ce pays de l’avoir accueilli et de lui avoir donné une place dans un édifice social. D’une certaine manière, Stille Nacht est d’abord une collection de portraits chamarrés et touchants. C’est aussi le récit d’une aventure familiale qu’à 70 ans passés, le narrateur se remémore avec nostalgie mais sans apitoiement. Pourtant, le propos de ce roman discret et sensible ne se résume pas au simple déroulement de quelques vies parmi d’autres. Car au détour des péripéties qu’ils affrontent, les personnages que campe Gérard Adam d’un trait fluide et simple se posent quelques questions, de celles que l’on qualifie d’existentielles. Car le vrai sujet de Stille Nacht c’est la vie comme elle va, ici et maintenant, sans fioritures, directe et vraie. Comme on l’aime.
Des idées et des mots